La main au bout des doigts

Saint Ouen. Une cour d'immeuble dans le centre ville, boulevard Victor Hugo. Un quartier en mutation. Des usines qui s'écroulent sous les coups de boutoir des bulls et des parcs qui se créent... Des entrepôts qui se vident et renaissent en lofts...

Au 17-19 du boulevard, dis artistes investissent les lieux, pour inventer, avec les propriétaires, l'association "La main au bout des doigts" et les locataires de l'immeuble, une histoire où il fait bon vivre, où l'art se mêle au quotidien. Le fil conducteur de cette aventure est Victor Hugo, dont le portrait très fort et saisissant, conçu et réalisé par Toux, le graffeur, occupe le mur du fond de la cour et capte le regard.

A droite, dans un envol de feuilles mortes, les écrivains de Nice Art, Colette, Rimbaud, Verlaine Proust et Prévert, des textes, légers et aériens, sous la frondaison tutélaire de l'arbe vivant de Cool Ber... mais des bouches d'aération les pieuvres légendaires de Victor Hugo font jaillir leurs tentacules.  Puis les couleurs deviennent plus fortes et intenses. Dans l'escalier et les galeries supérieures, c'est Bastek qui a posé des portraits d'artistes et d'acteurs. Plus bas, dans la cour, faisant face à l'arbre  de Cool Ber, Jerôme Gulon a composé une oeuvre unique! De la cour des pavés de granite montent en éventail vers un liseré de mosaïque aux tesselles complexes, où on peut de perdre tant elles sont porteuses de sens. Au dessus, une aquarelle "a fresco" replonge le regard dans les lavis tourmentés de Victor Hugo. Un très beau texte finement calligraphié ouvre sur un monde onirique. Un Garçon Dans Le Vent poursuit le rêve, avec une Alice et un chat du Cheshire tout en grace et en finesse. On plonge alors dans l'univers acidulé et pop de JPM, avec un hommage au cinéma tout en couleurs, puis Nice Art pose des portraits d'acteurs, Clark Gable, Ava Gardner, Chaplin et le Kid, sous le regard désabusé de Buster Keaton et la pipe gaillarde de Tati, et le fume-cigarrettes glamor d'Audrey Hepburn. Esmeralda de Toux, la pulpeuse Lollobrigida ferme le bal avec son tambourin...

Enfin, deux grandes enseignes en bois peint par Paella? de part et d'autre de la cour, montrent Victor Hugo d'évadant du cadre et Quasimodo à da fenêtre, élégante transition entre les deux mondes, celui du poète et celui du monde du spoectacle.

Après un WE portes ouvertes à l'occasion du festival "traversées d'Art", du 15 au 18 mai, et une ouverture exceptionnelle le WE du 24 mai, la cour refermera ses portes et les fresques seront désormais le privilège des occupants des lieux et de leurs visiteurs.